Not a Hero

Rien de pire que l'entre-deux et la blague qui tombe à plat. Cette impression de perdre son temps face à de la médiocrité tiède mais libérant assez d’endorphine pour te donner envie de dire "allez, encore un niveau". C'est le résume parfait de Not A Hero, pure série B indépendante par les développeurs du correct OlliOlli, comme Devolver raffole nous en sortir à pelle, avec son seul nom comme garantie d'un moment décalé-violent-pixel-unpeudurcommeàlanciennetuvois qu'on aura oublié en l'espace de 3 mois.

Ce n'est pourtant pas que Not A Hero nous serve du gameplay mal foutu : sorte de run&gun 2D aux contrôles simplistes (un gun, un dash, une recharge) et à l'architecture semi-nerveuse (on pense à Broforce), Not A Hero propose d'aller massacrer du gangster dans des grands barres HLM grisâtres. À ces succession de fusillades dans des longs couloirs bourrés d'ennemis, on saura reconnaitre un sens du rythme et du combo assez bien senti et tenu, le dash se mariant avec un système de couverture aussi bien pensé que bien automatisé. On est pas ici dans le balai punk virtuose à la Hotline Miami (malgré une équivalente mécanique de respawn rapide) : on se cache, on attend que les ennemis rechargent, on pose même des pièges. Et malgré quelques rares et très mauvais passages de plateforme, difficile de reprocher quoi que ce soit au cœur de Not A Hero.

Mais il y a tout le reste. Trop short au niveau des idées mais trop long en temps de jeu, Not A Hero se met à tourner très vite à vide, nous perdant dans sa succession sans fin de missions toutes similaires et dans lesquelles le moindre twist est, au choix, anodin (les missions d'accompagnement, dieu merci!) ou pénible (les ninjas des derniers niveaux). Le level design a déjà tout dit au bout d'une demi-heure et il n'y a plus qu'à observer ses permutations ronflantes le long de 21 missions dont il sera difficile de trouver le courage d'aller au bout. D'autant plus qu'il faudra, en chemin, avoir à subir un humour potache et embarrassant dans une quête terrible et maudite pour devenir le énième "JEU INDÉ TROP COOL" : une histoire aussi drôle que le fil twitter d'un mec fan de 9gag et d'interminables cut scene bavardes où le maire "Bunnylord" briefe (en parlant très lentement - le vrai challenge du jeu est là, ne pas skipper ces passages) les missions entre deux blagues pénibles à froid, résolument écrites par des gens qui s'imaginent que faire de l'absurde, c'est dire n'importe quoi avec un air ironique.

Not A Hero. Pas un bon jeu non plus. Pas grand chose en fait. Un truc qui, désinstallé, ne fera qu'augmenter le compteur de ma librairie Steam.